Brooklyn, Colm Tóibín (Dir. John Crowley)

You’ll feel so homesick that you’ll want to die, and there’s nothing you can do about it apart from endure it. But you will, and it won’t kill you… and one day the sun will come out and you’ll realize that this is where your life is.

Brooklyn est une comédie romantique sortie en automne 2015, réalisé par John Crowley et écrit par Nick Hornby (l’auteur) et inspiré du livre de Colm Tóibín qui porte le même nom. L’histoire se déroule entre 1951 et 1952, et est celle d’une jeune irlandaise du nom d’Eilis – jouée par Saoirse Ronan – qui émigre à Brooklyn. Partie de son petit village du sud de l’Irlande, elle ressent vite le mal du pays, mais avec le temps et l’aide d’un jeune et beau italien, elle découvre la gaité de la vie à l’américaine. Un jour cependant, le passé la rattrape ce qui la force à retourner chez elle. Elle retrouve le petit village qu’elle avait quitté pour de bonnes raisons, et doit maintenant choisir entre les deux vies qui s’offrent à elle. Deux vies séparées par un océan.

Premièrement, je dois remercier le petit cinéma d’art et d’essai de chez moi de passer des films comme celui-ci : des films qui ne sont pas forcément grand public mais qui sont de vrais petit bijoux du septième art. Non seulement il me permet d’aller voir ce genre de choses sur grand écran et dans les salles les plus confortables du monde, mais en plus il les passe en VO ! Et ça, je peux vous le dire, c’est du luxe où je me trouve. Donc merci merci merci.

Pour en venir au film, je n’ai absolument rien de négatif à dire car tout m’a plu. De l’histoire, au choix d’acteurs, aux costumes et à la manière dont il a été filmé. Je n’ai pas encore lu le livre – qui attend sagement que je termine Guerre et Paix – mais maintenant l’envie me gratte furieusement. Il ne se passe pas énormément de choses dans le film parce qu’en soit, il ne couvre pas une très longue période mais en réalité, tellement de choses défilent devant les yeux d’Eilis. En quelques semaines, la voilà embarquée pour des terres inconnues qui promettent de belles choses, mais à un certain prix. L’ajustement est très difficile pour elle car ce n’est pas comme si elle s’était installée dans la ville voisine, non, elle a traversé un océan et changé de continent. Aujourd’hui, prendre l’avion n’est pas une chose énorme, de toute manière on peut rentrer assez rapidement si on le souhaite, mais ce n’était pas le cas dans les années 50. Plusieurs jours de bateau et un voyage atroce dans des conditions plus que moyennes… Et puis ils n’avaient pas de skype, pas de mail, pas d’internet. Arriver toute seule, dans un pays complètement inconnu pour recommencer à zéro, cela me ferait peur aussi. Mais comme le Père Flood dit à Eilis, le mal du pays est un mal comme les autres, il passe. Et il passe pour elle, car elle prend peu à peu ses repères et adopte sa nouvelle vie.

Le directeur John Crowley a divisé le film en trois mouvement visuels différents. Le premier est avant qu’Eilis quitte une Irlande éprouvée par la Seconde Guerre Mondiale ; les cadres sont assez serrés et emplis de nuances vertes. Le schéma de couleur a été créé en prenant référence sur des photos de l’époque. Le deuxième mouvement débute lorsqu’Eilis part pour Brooklyn et le premier plan large digne de ce nom est introduit, les couleurs deviennent alors plus gaies en référence à ce qu’était Brooklyn pendant les années 50 alors que la culture pop montrait le bout de son nez. Le troisième et dernier mouvement est lorsqu’on est de retour en Irlande, les couleurs sont alors plus vives, plus glamour et subtilement plus colorées que dans le premier mouvement. Crowley a fait ce choix pour montrer le changement d’Eilis en comparaison à ce qui l’entoure. Pour lui, la dernière partie a les qualités d’un doux songe que l’on ne veut pas quitter.

Ce que j’ai énormément apprécié c’est que tout semblait coller dans le film. Contrairement à beaucoup d’adaptations cinématographiques, ici, je n’ai pas eu l’impression d’être restée sur ma faim. Crowley et Hornby nous livrent un petit chef d’oeuvre auquel nous pouvons tous nous identifier, même aujourd’hui au XXIème siècle. En plus de cela – mais je peux me tromper – Eilis me fait penser à Ellis Island, l’île par laquelle cette dernière est passée avant de mettre les pieds dans son nouveau pays. De passer les portes de cette île était la promesse pour un meilleur futur. Et sur une plaque de la Statue de la Liberté, celle qui guide les gens jusqu’à New York, est marqué :

« Keep, ancient lands, your storied pomp!” cries she
Give me your tired, your poor,
Your huddled masses yearning to breathe free,
The wretched refuse of your teeming shore.
Send these, the homeless, tempest-tost, to me,
I lift my lamp beside the golden door !

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